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Le lancement des déclarations d’impôts ? Nous y voilà ! Sans doute faites-vous partie de ces Français qui réalisent leurs démarches en ligne. À mesure qu’elles se généralisent et deviennent obligatoires, ne vont-elles pas creuser une fracture numérique au sein de la population ?
En attendant l’arrivée du prélèvement à la source en janvier 2019, la campagne de déclaration 2018 des impôts vient d’être lancée ce 10 mars. Opter pour la traditionnelle version papier préremplie reste toujours possible, même si un nombre croissant de contribuables se tournent désormais vers Internet. La « télédéclaration », comme on la surnomme, n’a aujourd’hui plus grand-chose de novateur : elle fête en effet ses quinze ans et constitue une habitude pour les citoyens connectés.
En 2017, une étape symbolique a été franchie. Pour la première fois, une majorité de Français a opté pour la télédéclaration, soit près de 19 millions de personnes à travers le territoire. « Chaque année, la vague monte un peu plus », réagissaient les médias, relatant un phénomène qui semble inexorable. Cette « vague » s’explique en grande partie par la place prépondérante d’Internet dans notre quotidien. Pour s’en convaincre, rappelons-nous qu’en 2016, 86% des Français étaient connectés à leur domicile. Bien plus qu’en l’an 2000, où ce taux ne dépassait pas 15%.
À marche forcée
Du côté de l’État, on se frotte les mains. Éviter les déluges de paperasse permet non seulement d’économiser du temps, mais aussi de l’argent. Sans surprise, la dématérialisation devient peu à peu un objectif à atteindre, et défendu jusqu’au sommet de l’État. Reprenant une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, le Premier ministre Édouard Philippe a réitéré le souhait que 100% des démarches administratives soient accessibles en ligne d’ici la fin du quinquennat.
L’ambition a été fixée par le Président de la République pendant la campagne : 100% des démarches administratives accessibles en ligne d’ici 2022, y compris par le mobile. #ActionPublique2022
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Peu à peu, certains services ne risquent-ils pas de devenir uniquement accessibles via Internet ? Le processus est déjà en marche pour les impôts : depuis 2016, les contribuables les plus aisés ont l’obligation de renseigner les informations fiscales en ligne. Année après année, le nombre de personnes concernées va croissant. Pour la campagne 2018, qui nous concerne aujourd’hui, « le seuil de revenu fiscal de référence au-delà duquel la télédéclaration est imposée passe à 15 000 euros, contre 28 000 euros pour la campagne fiscale 2017 », rappelleLe Journal du Net. En 2019, tous les foyers fiscaux devront effectuer une télédéclaration, l’usage d’un formulaire papier entraînera alors une amende de 15 euros.
Les citoyens qui ne disposent pas d’une connexion à la maison ou ne sont pas à l’aise sur Internet vont devoir faire appel à leurs proches. Devenus marginaux, ils restent malgré tout encore nombreux, éloignés des outils numériques pour des raisons diverses et variées.
Le numérique reste parfois obscur, notamment pour les personnes âgées. Elles demandent à être accompagnées. (Illustration CC BY Alex Harvey)
Inter-quoi ? C’est pas net !
Dans le monde, près de la moitié de la population ne dispose pas d’accès Internet. Une proportion plus faible en France puisque cette situation concerne environ 12% des gens. Devant un tel chiffre, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes n’hésite pas à conclure que nous sommes « désormais tous internautes ». Un constat plein d’enthousiasme, mais qui ne reflète pas totalement la situation. Quid des quelques millions de Français non connectés ?
Une case mal cochée ou l’absence d’adresse mail peuvent avoir de lourdes conséquences
Signe que la non-maîtrise des outils numériques devient un handicap, un néologisme a fait son apparition pour la désigner : l’illectronisme. Il s’agit là d’une forme d’illettrisme des temps modernes, comme le décrivait en 2016 Hervé Fernandez, le directeur de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme. Les personnes peuvent savoir lire, écrire, mais bloquent devant un ordinateur. « Aujourd’hui, l’informatique est incontournable, notamment pour les démarches administratives. Une case mal cochée ou l’absence d’adresse mail peuvent avoir de lourdes conséquences », assurait-il à Ouest-France.
Exclure une partie de la population, voilà une crainte qui ne date pas d’hier. Dans son célèbre discours d’Hourtin, Lionel Jospin souhaitait déjà s’en prémunir. Nous étions alors en 1999, à l’époque où il évoluait à Matignon : « L’essor des technologies de l’information ne doit pas creuser un ‘fossé numérique’ », lançait le Premier ministre. « L’internet ne doit pas nourrir de nouvelles inégalités dans l’accès au savoir. Il revient au service public de veiller au développement équilibré de ces technologies sur le territoire national et à l’égal accès de tous aux contenus essentiels que diffusent ces réseaux. À travers l’École, en particulier, l’État peut prévenir ‘l’illectronisme’, avant qu’il ne devienne un nouvel avatar de l’illettrisme. »
Pour parvenir à démocratiser Internet et la pratique du numérique au sens large, plusieurs chantiers sont engagés. L’argument du coût paraît aujourd’hui mineur : disposer d’une connexion ne coûte plus grand-chose, et le raccordement se trouve généralement assuré par les opérateurs. Reste la question des zones les moins accessibles, puisque selon l’UFC Que Choisir, « 7,5 millions de consommateurs » restent « privés d’une connexion de qualité à Internet ». L’association de consommateurs épingle là les débits inférieurs à 3 mégabits par seconde.
7,5 millions de consommateurs sont privés d’une connexion de qualité à Internet
Enfin se pose la question centrale de la formation. Même volontaires, de nombreux Français, qu’ils soient âgés ou non, restent démunis devant un ordinateur. Fort heureusement, de nombreuses associations se mobilisent pour leur venir en aide et les aider à acquérir une plus grande autonomie. C’est le cas d’Emmaüs, via une facette méconnue de son activité. Ses équipes ont lancé depuis 2013 un programme intitulé « connect », visant à « faire reculer l’exclusion numérique et permettre à tous de bénéficier des avancées offertes par les nouvelles technologies ».
Pour payer ses impôts comme pour toute autre démarche administrative, la maîtrise des outils va devenir avec les années un prérequis indispensable. Pour que chacun puisse surfer à sa guise, les autorités devront se mobiliser, sans jamais oublier qu’en matière de numérique, beaucoup continuer de patauger
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Écran social
Thomas Deszpot tisse sa toile et transforme le virtuel pour le rendre bien réel. L'actualité numérique à portée de clic.
Nombreux sont les élus à utiliser Twitter et les réseaux sociaux au quotidien, un outil qui se retourne parfois contre eux. Qu’on se le dise : sur Internet, l’amnésie ne dure jamais bien longtemps !
Interpellé à Paris dans la nuit du 4 au 5 avril, l’écologiste Jean-Vincent Placé en prend pour son grade. « Cliente d’un bar, vigiles puis policiers, l’ancien sénateur et ministre, en état d’ébriété, n’a épargné personne », résume ainsi Le Parisien. À l’issue de sa garde à vue, l’intéressé a toutes les chances d’être poursuivi pour « outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique ».
Interpellé en état d’ivresse, Jean-Vincent Placé s’est retrouvé dans un tourbillon médiatique. Sans tarder, son dernier message sur Twitter a été remarqué par des internautes. Il s’agit plus précisément d’un « retweet », publication d’une autre internaute relayée à ses propres abonnés. Quelques mots pour le moins… Prémonitoires.
Aïe aïe aïe... (Capture d'écran du compte Twitter de Jean-Vincent Placé)
Le mot de trop
Avant qu’Internet ne conquiert tous les foyers et que les réseaux sociaux se développent, les responsables politiques pouvaient profiter d’une certaine amnésie collective. Qui pouvait bien se souvenir d’une vieille déclaration, totalement contraire à un récent discours et prononcée 5 ans auparavant ?
Désormais très nombreux sur Twitter, les élus utilisent cet outil comme une arme de communication, aussi directe que rapide. Nombre d’entre eux semblent pourtant oublier que la particularité des réseaux réside dans leur incroyable mémoire… Des archéologues du numérique ont ainsi vu le jour, farfouillant des années en arrière dans les « timelines » des utilisateurs à la recherche de messages compromettants ou qui illustrent un changement de point de vue.
Le dernier retweet de Jean-Vincent Placé n’a rien d’un acte isolé, les politiques sont en effet nombreux à s’être ainsi pris les pieds dans le tapis, quels que soient leurs partis. En 2014 par exemple, François Fillon tentait de renforcer son image d’homme intègre, à l’abri des affaires. Une manière de prendre ses distances avec un certain Nicolas Sarkozy. La campagne présidentielle de 2017 est venue écorcher ce discours et nous offre une nouvelle lecture de ce vieux tweet :
En trente ans, mon nom n’a jamais été associé à une affaire ou un comportement contraire à l’éthique #JDD
Heureux pensionnaire de Matignon, Édouard Philippe bénéficie de la confiance du Président de la République. Lorsqu’il était dans l’opposition, l’actuel Premier ministre n’a pourtant pas toujours fait preuve de tendresse envers lui. Sur son compte twitter, l’ex-maire du Havre partageait en janvier 2017 la chronique qu’il venait d’écrire sur un certain Mr Macron… Dans ce texte, les mots sont durs : « Macron, qui n’assume rien mais promet tout, avec la fougue d’un conquérant juvénile et le cynisme d’un vieux routier. »
Les retournements de vestes s’avèrent également fréquents à gauche. Ministre du Logement sous le gouvernement Valls II et Cazeneuve, la figure d’Europe Écologie Les Verts Emmanuelle Cosse affichait son total soutien à la majorité. Lors de sa nomination, une plongée dans les archives de ses publications à pourtant permis de retrouver un message assassin à l’égard de François Hollande, dont l’intéressée déplorait la « connerie ». Rude.
Candidat malheureux à la dernière présidentielle, Benoît Hamon n’a pas non plus échappé à l’implacable mémoire d’Internet. Un peu moins embarrassants, ses vieux tweets ont régulièrement été utilisés lors de la primaire socialiste pour illustrer les débats entre les différents candidats. Celui-ci, posté en 2010, est devenu savoureux avec le temps.
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Révélateur
En apparence anecdotiques, ces messages exhumés des entrailles d’Internet constituent de précieux témoignages. À une époque où la défiance envers nos dirigeants atteint des niveaux rarement égalés, ils permettent d’observer les nombreux revirements qui accompagnent l’exercice du pouvoir.
Surtout, ces archives constituent un outil à disposition des citoyens. Malgré l’immédiateté qui caractérise les réseaux sociaux, ces derniers s’apparentent avec le temps à des grimoires, d’anciens registres dans lesquels il est possible de puiser pour revivre un pan de notre histoire politique.
Conscients de la persistance de leur parole en ligne, les élus se trouvent face à une injonction : celle de la cohérence et de la transparence. Pour apprivoiser les codes de ce nouveau monde, il leur reste désormais à transposer au numérique une maxime bien connue : tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de tweeter !
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Le premier site de streaming français s’appelait Radioblog. Fondé en 2005, il a mis la clef sous la porte deux ans plus tard, des suites de poursuites judiciaires entamées par les sociétés d’ayants droit. L’imprévu était revenu dans une longue enquête sur le parcours de ce site pionnier, rattrapé pour son flirt avec la légalité.
Face aux géants du streaming, il est délicat de développer un nouveau service. La Fnac en a fait l’amère expérience avec sa plateforme Jukebox. Lancée en 2014, elle a été arrêtée l’an passé faute d’utilisateurs. La Fnac a alors préféré s’allier avec Deezer, un acteur historique mieux armé dans le secteur.
Omniprésent, le streaming s’est imposé pour nos oreilles. Alors qu’il débarque en bourse, le leader du marché Spotify enchaîne pourtant les exercices déficitaires. À défaut de convertir en dollars leurs millions d’abonnés, les leaders du secteur peuvent au moins se réjouir d’avoir transformé le marché de la musique.
Attendre un train en période de grève, se laver les dents, faire son jogging le dimanche matin, autant d’activités que nous sommes nombreux à réaliser en musique. Avec leurs catalogues de plusieurs millions de titres, un service de streaming comme Deezer est devenu en quelques années un compagnon fidèle pour les mélomanes. Fort de son succès et de ses 71 millions d’abonnés payants à travers le monde, son concurrent suédois Spotify vit aujourd’hui un moment clé de son histoire. Leader mondial du marché, il signe en ce 3 avril son entrée en bourse à New York.
À l’automne dernier, les analystes tentaient d’estimer la valorisation de l’entreprise. Ils avançaient alors la somme de 23 milliards de dollars, une prédiction optimiste alors que Spotify perd de l’argent et n’a jusqu’à aujourd’hui jamais conclu le moindre exercice dans le vert.
Un champ de ruines
À l’instar de Facebook, qui a séduit les investisseurs bien avant de devenir une usine à cash, Spotify a commencé par bouleverser les usages et les pratiques de ses utilisateurs. Quitte à dynamiter une industrie musicale déjà fragilisée à l’aube des années 2010.
On a préféré discuter pour acquérir les catalogues
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Le site fondé par Daniel Ek n’est pas le seul à avoir cru au streaming. En France, deux pionniers du secteur se sont concurrencés entre 2005 et 2007. D’un côté, Radioblog, qui fermera après plusieurs attaques en justice, et de l’autre Blogmusik, l’ancêtre de Deezer. Son fondateur, Daniel Marhely, a adopté la même stratégie que son homologue suédois : négocier avec les labels et autres ayants droit pour sortir de l’illégalité et proposer une juste rétribution des artistes. « Dès 2007, il a fallu négocier des accords avec les majors et la Sacem pour respecter les droits des artistes. Des concurrents ont été poursuivis. Nous, on a préféré discuter pour acquérir les catalogues », confiait-il à L’Étudiant en 2010.
Un internaute français sur deux utilise les sites de streaming. (Illustration CC BY Tanner Boriack)
Rejoints par Soundcloud, Apple Music ou Tidal, les Spotify et consorts ont permis à l’industrie musicale d’achever un virage douloureux. En crise au début des années 2000, elle a subi de plein fouet l’arrivée d’Internet et du téléchargement illégal. À vitesse grand V, elle a alors assisté impuissante à la mort du CD, à l’avènement du MP3 et au succès grandissant des plateformes de peer-to-peer, où s’échangeaient des titres piratés par millions.
Après avoir considéré les services en ligne comme des dangers potentiels, les représentants des sociétés de productions et des artistes ont peu à peu changé leur fusil d’épaule. Plutôt que de soutenir un modèle devenu obsolète et de s’accrocher à des supports physiques, ils ont cru au développement des offres légales dématérialisées. Spotify, qui a depuis ses débuts en 2007 cherché à nouer des partenariats, a pleinement profité de ce changement dans les mentalités. Actuel leader mondial du marché, il a vu son nombre d’abonnés décoller.
Les bouleversements vécus par l’industrie du disque, Jean-Frédéric Normandin les a accueillis avec philosophie. Responsable digital pour le label Capitol chez Universal Music France, nous l’avions interrogé il y a deux ans. Il analysait alors l’arrivée du streaming et ses conséquences : « On ne pouvait pas avancer sans s’adapter, ce que nous faisons aujourd’hui, et c’est pour cela que le domaine de la musique se relève. Les revenus du streaming dépassaient fin 2014 les revenus du téléchargement légal. »
L’avènement de sites comme Spotify ou Deezer ne s’explique pas uniquement par la taille de leur catalogue ou par les avantages réservés à leurs membres premium. Ces services de streaming ont en effet eu du flair pour adapter leur offre aux pratiques et désirs de leurs utilisateurs. À leur naissance, ils ont marqué une rupture en proposant aux internautes de s’affranchir du téléchargement, légal ou non. Plus besoin de stocker sur son disque dur des centaines de fichiers, de lancer un logiciel spécifique pour les lire ou de lutter contre les virus si souvent propagés par les réseaux de peer-to-peer.
Grâce à leur notoriété, les grands noms du streaming ont aussi trouvé leur place sur le marché des applications mobiles. L’arrivée des smartphones puis des réseaux 3 et 4G ont changé la donne. Leur adoption massive a transformé nos lecteurs MP3 en reliques du passé. Consulter ses playlists favorites partout, à toute heure, à partir d’un appareil déjà dans notre poche… Face à un tel service, difficile de lutter.
Considéré comme un acteur historique du secteur alors que l’entreprise a fêté il y a peu ses dix ans, Spotify incarne la réussite de ces petites start-up, devenues des poids-lourds du numérique. À Stockholm, où la firme à vu le jour, on revient volontiers sur les prémices de cette success-story à la sauce scandinave. Libération, qui s’était rendu dans la capitale suédoise en 2013, racontait ainsi comme la marque au logo vert avait vu le jour, imaginée entre les murs d’un modeste appartement. Ses « papas » ? Deux jeunes entrepreneurs férus de nouvelles technologies. « Fans de musique et, à l’époque, un peu “pirates”, ils se mettent en tête de proposer une alternative au téléchargement illégal. Et choisissent le nom “Spotify” lors d’une soirée alcoolisée. »
La suite, nous la connaissons. Malgré 378 millions de dollars de pertes l’an passé, la société a dépassé le cap des 2000 salariés et débarque à Wall Street. Elle a depuis sa création versé 8 milliards de dollars aux ayants droit, une rétribution qui lui permet de proposer 35 millions de titres aux internautes, de Bach à Led Zeppelin, en passant par René La Taupe. Avec ses concurrents, Spotify parvient surtout à s’imposer dans le quotidien des internautes.
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La mise en place de l’application Algopol en décembre 2013 permettait aux internautes utilisateurs de Facebook de visualiser leur réseau d’amis. De leurs côtés, les chercheurs étudiaient les interactions des différentes utilisateurs, des likes aux commentaires en passant par les profils.
Un énième scandale en matière de confidentialité semble ébranler Facebook. Comme un bis repetita, l’entreprise se met en branle et prend la mesure des évènements, poussée en cette fin mars par la Commission européenne. Vera Jurova, la commissaire européenne à la justice et à la protection des consommateurs, vient d’asséner son ultimatum : Facebook dispose de quinze jours pour apporter des réponses au piratage des 50 millions de données d’utilisateurs par Cambridge Analytica.
Depuis les débuts du réseau social en septembre 2006, bon nombre de critiques ont souligné le manque de confidentialité des données, Facebook n’en étant pas à son coup d’essai. Pour autant, il ne suffit pas que les utilisateurs soient au clair sur ce que récupère Facebook pour que les usages ou que le nombre d’utilisateurs en soit sensiblement modifié : à la fin de l’année 2017, Facebook comptait 34 millions d’utilisateurs chaque mois, contre 31 millions en mars 2016 selon les données du site.
Nous avons rencontré Irène Bastard, maître de conférence invitée à Télécom Paris Tech et cheffe de projet à la Bibliothèque nationale de France. Elle revient pour L’imprévu sur les enseignements d’Algopol, un projet financé par l’Agence nationale de la recherche, auquel elle a contribué et qui a travaillé sur les données de 16000 profils Facebook confiés à l’application à partir de décembre 2013.
N’existe-t-il pas une forme d’amnésie collective, qui, après chaque scandale, nous ferait oublier ce que Facebook collecte ? Lors de votre recherche en 2014, qu’avez-vous observé sur ce sujet ?
Paris est une ville chère, stressante et polluée et, pourtant, il y a toujours des habitants dans la ville : il y a d’autres raisons à ça, comme pour Facebook, la sociabilité par exemple. Le bien qu’on y trouve est supérieur à celui qu’on perçoit de la perte de données. L’ensemble justifie qu’on continue d’interagir sur Facebook. Individuellement, on confie des statuts, des commentaires, des informations dans sa bio, sans nécessairement percevoir ce qui est tracé et calculé par la plate-forme, Et il ne s’agit ni de nos feuilles d’impôts ni de secrets de famille : on perçoit les données que Facebook a comme non confidentielles.
Ce qu’on y trouve est donc supérieur à ce que Facebook fait de nos données. Qu’est-ce qu’on y fait alors qui soit plus important que ce qui est monnayé de nous ?
Au niveau individuel, quand j’ai besoin de partager des photos, ou d’entretenir des relations, ou pour les adolescents de flirter, Facebook est un outil efficace. À partir de ces activités individuelles, quelles sont les données sur lesquelles on travaille, nous avec Algopol et Facebook ou Cambridge Analytica je suppose ? Des données qui ne sont certainement pas propres, ni univoques : les adolescents sont nombreux à avoir plusieurs comptes ou un compte à plusieurs par exemple. Ils ont de multiples manières de « braconner » le dispositif, c’est-à-dire de ne pas obéir aux ordres qui conduisent à remplir les cases. Eux pratiquent la blague et n’indiquent pas leur vrai lieu d’habitation, ou ajoutent une star de foot en « frère ». L’injonction de l’authenticité est plus forte chez les adultes, qui peuvent moins jouer avec leur vie. On trouve donc avec Facebook des opportunités d’activités sociales multiples, variées, mouvantes, participantes d’une expérience sociale non déconnectée des expériences hors ligne, et qui ne sont pas toujours réductibles en « données » ! Ces dernières ne parlent donc pas d’elles-mêmes !
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Ce que nous avons collecté avec l’application Algopol est une accumulation d’informations construite au fil du temps, en fonction du développement des fonctionnalités de Facebook. Ce qui était valable en 2007 ne l’était plus forcément en 2014. Par exemple, en essayant de compter les « likes », nous nous sommes souvenus que les statuts en 2007 ne permettaient pas de « liker » et que cet indicateur n’était donc pas valable pour une analyse dans la durée. Plus que cela, chacun utilise le bouton « like » mais le sens donné à cet artefact n’est pas le même pour tous, l’un peut l’utiliser pour signifier un intérêt pour le contenu du statut et l’autre pour faire un clin d’œil à l’auteur du statut.
Quand on partage des liens de médias de droite ou de gauche, ça ne veut pas dire qu’on est de droite ou de gauche
Ce qui ressort c’est donc une évolution des pratiques au fil des évolutions de la plateforme, mais aussi une hétérogénéité des usages de chacun en fonction des profils et des sociabilités liés aux cycles de vie : un étudiant n’a pas les mêmes besoins de sociabilité qu’un jeune père.
Illustration Alessio Jacona CC By
Quand on partage des liens de médias de droite ou de gauche, ça ne veut pas dire qu’on est de droite ou de gauche. Partager un lien ne dit rien de ce qu’on en pense. Il ne dit rien non plus de la réception que vont en avoir les autres utilisateurs : comment décoder le fait qu’un ami ait partagé un lien ? Les adolescents le disent très bien : « moi si c’est un bogoss, je je like ». C’est un geste relationnel et parfois politique. C’est exactement la même chose quand on regarde le 20 heures à la télévision : devant un sujet sur le chômage, je ne vais pas réagir de la même manière selon que je suis un patron acculé à licencier ou si mon voisin se fait licencier. Ce décodage des contenus utilise des compétences personnelles et un certain cadre social, les données disent le like et l’activité, mais pas le sens de l’activité ni la réception des contenus.
Le réseau nous fixe des règles, grâce aux fonctionnalités notamment. Nous aussi ?
Il est possible qu’on soit conscient de ne pas devoir écrire son opinion politique par exemple ou poster des photos de ses enfants. Il n’empêche qu’à un moment donné, un besoin supérieur fait qu’on finit par ajouter une photo de son bébé. Ce qui n’est pas observable avec ce que nous avions téléchargé avec Algopol ou avec les données, c’est justement si l’activité correspond à une règle ou à une exception. On ne voit pas le sens que l’utilisateur donne à son action, ni même les règles qu’il s’est fixées. On pourrait prendre aussi l’exemple de l’ajout ou non de collègues comme amis ! En ligne, c’est « Je me suis donné des règles, mais je les ajuste ».
Une partie des utilisateurs utilise Facebook uniquement pour discuter avec d’autres personnes, autour d’une passion commune, ou sur la page de la classe ou avec Messenger dans des interactions privées. C’est un levier important de la sociabilité. Des pratiques conversationnelles qui n’étaient pas outillées en 2007 et qui faisaient que les utilisateurs étaient davantage narcissiques. D’autres encore ont élaboré leur profil pour leur système D : pour changer ses placards, vendre sa voiture, etc. Facebook est utilisé pour mettre en lien. Est-ce que Facebook était fait pour ça ? On ne sait pas, mais certains en ont fait une braderie généralisée !
Dans les règles, on fait attention à ce que l’on rend visible ou non. On ne veut pas toujours que tout se voit, c’est la raison pour laquelle on ne partage pas nos secrets de famille, ou des opinions politiquement incorrectes ou goûts illégitimes dans notre environnement. Dans les partages de domaines sur Facebook, le plus partagé reste le web social et d’actualité, pas le web fonctionnel comme nos comptes en ligne ou notre liste de courses. Ces derniers ne se partagent pas avec des amis, donc les données signifiées à Facebook ne tiennent pas compte de ces activités – à moins qu’elles ne soient collectées par le terminal ou le navigateur, qui dans ce cas devient un centralisateur d’informations plus complètes.
Pas de quoi faire quitter le réseau ?
Un certain nombre d’internautes quitte Facebook, définitivement ou pour un temps, et beaucoup sont sensibles à cette question de la visibilité et de la protection des données. Ainsi, nous avons pu observer qu’un certain nombre de personnes commence par dire « Je suis sur Facebook, mais pas trop » ou « mais je fais attention ». C’est une posture généralisée, très conscientisée, d’une manière différente chez les adultes ou les adolescents. Les jeunes font très attention à la gestion de leur identité, quand les adultes risquent de faire des fautes relationnelles en intervenant dans des conversations ou relayant des propos qui ne correspondent pas à l’image que leurs amis ont d’eux.
Les internautes n’ont pas le sentiment de confier des informations sensibles, individuellement, mais Facebook ou un autre peuvent eux calculer des informations sur l’ensemble des individus. L’individu a des marges d’actions possibles, pour ne pas respecter les injonctions des dispositifs ; par contre la société, le collectif, n’est pas forcément protégé juridiquement ou outillé politiquement pour contrôles les analyses globales opérées par les plates-formes. C’est une analyse des 50 millions de comptes qui fait qu’on place les gens les uns par rapport aux autres, pas une analyse sur un compte
Comme nombre d’autres médias, L’imprévu a fait partie des bénéficiaires de ce fonds. Une subvention reçue en 2016 et qui a contribué à financer une partie des développements passés sur le site, ainsi que le paiement des salaires pour notre équipe. Nous vous expliquions tout cela en détail à l’époque dans un billet de blog.
À Bruxelles ce 21 mars, la Commission européenne parle gros sous. Elle présente en effet son projet de taxation pour les plus grandes entreprises du numérique.
Dans son viseur, les fameux GAFA, acronyme utilisé pour désigner Google, Amazon, Facebook et Apple. Régulièrement pointés du doigts pour leurs stratégies de contournement fiscal, ces poids-lourds du numérique devraient bientôt être soumis à une taxe de 3% sur leurs bénéfices en Europe.
Précision importante, « ce taux ne s’appliquera pas à l’ensemble du chiffre d’affaires – seulement aux revenus obtenus en Europe par la location d’espace publicitaire, par la mise en relation d’utilisateurs ou par la transmission de données récoltées auprès des utilisateurs », rapporte Contexte. Une aubaine pour des services tels que Netflix, dont les activités ne se trouvent donc pas visées.
Les GAFA ne seront pas les seuls concernés par cette taxe : cette dernière doit en effet concerner les entreprises dont le chiffre d’affaire à l’international dépasse 750 millions d’euros, et 50 millions rien qu’en Europe. Des restrictions censées épargner les petites start-up et ne pas entraver le développement des jeunes firmes en pleine croissance. Dans l’Hexagone, on suit avec attention ces dispositifs législatifs portés à l’échelle européenne. Le secrétaire d’État au Numérique, Mounir Mahjoubi, assure que la France « est particulièrement engagée » sur ce dossier.
Un air de déjà-vu
Taxer les GAFA, la Commission n’est pas la première à y songer. La France s’y est essayée à plusieurs reprises, avec la tentative d’instauration d’une « taxe Google ». Sa première mouture, en 2011, prenait la forme d’un article de loi, finalement abrogé par les parlementaires au moment du vote définitif du texte.
Plus récemment, fin décembre 2016, le Conseil constitutionnel mettait son veto sur une nouvelle taxation prévue par la Loi de Finances 2017, estimant que les modalités d’application de ce dispositif fiscal étaient à revoir. Une décision qui a fortement contrarié le député socialiste Yann Galut, pour qui la taxation des GAFA était devenue un cheval de bataille. Dans son argumentaire, il insistait sur des chiffres assez paradoxaux.
L’impôt sur les sociétés payé par Google en 2015 s’est élevé à 6,7 millions d’euros, pour un revenu estimé à plus de 1,5 milliards. Airbnb, dont le résultat est estimé à 65 millions d’euros, n’a payé que 69 mille euros d’impôt.
À L’imprévu, nous pensons que l’information doit être accessible au plus grand nombre. C’est pourquoi, contrairement à d'autres médias, nos articles ne sont pas « réservés aux abonnés ». Nos lecteurs-membres font vivre un journalisme indépendant et sans publicité. En retour, nous leur proposons des évènements, des formations et des échanges avec la rédaction. Dès aujourd'hui, devenez lecteur-membre de L'imprévu, pour le montant que vous souhaitez.
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Jusqu’à présent, les initiatives politiques ont toujours échoué dans leurs (timides) tentatives de réguler les grandes puissances du numérique et leur imposition. La mobilisation de la Commission n’a donc aujourd’hui rien d’anecdotique, d’autant qu’elle devrait être suivie dans les semaines et mois qui viennent de vastes discussions entre les États membres. L’objectif ultime de ces négociations : parvenir à harmoniser la fiscalité à l’intérieur de l’UE, afin d’éviter que telle ou telle entreprise déclare ses bénéfices dans le pays où elle négocierait des taux plus bas. Une mission qui s’annonce d’ores et déjà délicate puisque des États tels que l’Irlande ont fait de ces « cadeaux fiscaux » une véritable marque de fabrique.
Le double discours, une habitude lorsque les politiques évoquent les GAFA. (CC-BY OFFICIAL LEWEB PHOTOS)
Double discours
Souvent prompts à dénoncer les arrangements des GAFA avec le fisc, les représentants français se montrent bien moins véhéments lorsque ces acteurs incontournables du numérique décident d’investir sur notre territoire. Peut-on remuer ciel et terre pour taxer Apple et Facebook, mais saluer l’implantation d’une usine Amazon ? En France, il semblerait qu’un tel paradoxe ne pose aucun problème, surtout à en croire l’ancien ministre du Redressement productif, le socialiste Arnaud Montebourg.
Au début de l’été 2012, peu après l’élection de François Hollande, le voilà qui s’exprime devant les médias, visiblement ravi. Amazon, acteur incontournable du e-commerce, vient alors de confirmer son implantation en Saône-et-Loire, où il se prépare à bâtir un entrepôt de 40 000 mètres carrés. Une excellente nouvelle, si l’on en croit le ministre.
Je remercie Amazon d’avoir choisi ce territoire. Il y a quelques années, il a connu la désolation avec la fermeture de l’usine Kodak. […] D’un coup, en 2007, 3 000 emplois ont disparu. Aujourd’hui, c’est une véritable renaissance. C’est la preuve que les territoires blessés peuvent renouer avec le succès
Comment expliquer la joie d’Arnaud Montebourg ? Par les quelques 1100 emplois à la clef, d’une part, mais aussi par le fait que cette implantation a lieu dans son ancien chef lieu, territoire dont il fut député avant d’entrer au gouvernement. Pour autant, « il n’y a pas eu de passe-droit pour qu’Amazon s’implante précisément là », tient-il à préciser.
Quand les mauvaises langues lui font remarquer que le groupe américain perçoit d’innombrables aides publiques pour soutenir son installation, le chantre du Redressement productif botte en touche. Il assure qu’il s’agit de dispositifs totalement légaux et que cette usine embauchera de nombreuses femmes, un point important alors qu’elles sont très touchées par le chômage. Ne contribue-t-il pas également à accélérer le déclin des petits libraires indépendants, incapables de lutter face aux livraisons express des sites tels qu’Amazon ? Là encore, le ténor du PS calme le jeu, assure qu’un « dialogue constant » a lieu avec ces nouveaux acteurs, et insiste sur le « phénomène mondial » qu’est devenue la consommation en ligne.
Une exception qui confirme la règle
Tantôt complaisantes, tantôt réprobatrices à l’égard des GAFA, les autorités françaises ont globalement échoué à les réguler. Si les sommes incroyables que brassent ces « géants du web » suscitent des convoitises, les États n’ont jusqu’à présent pas trouvé le moyen de récupérer leur part du gâteau.
Les échecs de la puissance publique ne signifient pas la toute-puissance de ces sociétés américaines. À la fin des années 2010, les éditeurs de médias sont parvenus à glaner quelques miettes en négociant avec le géant californien Google. Leur objectif, totalement assumé ? Tenter de récupérer un peu d’argent. Le raisonnement qui les a guidés s’avérait plutôt simple : ils estimaient que les articles et reportages postés sur leurs sites – et repris massivement par Google via son service Google actualités -, permettaient au moteur de recherche de générer des revenus supplémentaires et de faire progresser ses algorithmes. Les producteurs de contenus se sont estimés lésés puisque non rétribués, réclamant alors leur dû.
Un ministre, une multitude de positions. (CC-BY OFFICIAL LEWEB PHOTOS)
Après un dialogue de sourds long de trois ans, d’âpres négociations ont permis d’entériner un accord entre toutes les parties. Les éditeurs de presse, que Google menaçait de ne plus référencer, ont réussi à manœuvrer pour sortir de l’impasse qui se dessinait devant eux. L’entreprise californienne a finalement consenti à verser60 millions d’euros pour financer « des projets destinés à faciliter la transition vers le numérique de la presse d’information politique et générale ». Quelques années plus tard, un dispositif similaire a vu le jour à l’échelle européenne, prévoyant pour sa part un financement de 150 millions d’euros.
Pour une fois disposé à négocier, Google a accepté de lâcher un peu de lest. Pour soigner sa communication, l’entreprise a adapté son discours et insisté sur le fait qu’elle contribuait à « promouvoir un journalisme de qualité à travers la technologie et l’innovation ». Surtout, il convient de souligner que les sommes en jeu avec ces fonds de soutien à la presse ne représentent que des sommes négligeables. 210 millions d’euros, distribués sur plusieurs années, une véritable broutille pour une multinationale qui a enregistré en 2016 un chiffre d’affaires de… 90,3 milliards de dollars !
Pas exempts de tout reproches, les GAFA font face à des discours contradictoires. Portés aux nues lorsqu’ils investissent et créent des emplois dans des territoires déshérités, ils se retrouvent pointés du doigts dès lors qu’ils utilisent à leur avantage les failles de la fiscalité européenne. Plutôt que l’ambivalence, le législateur devra dans les années qui viennent prendre une bonne fois pour toutes le parti de la cohérence.
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